mercredi 11 juin 2008

TROPHEE DU MIMBEAU (par Jean-Paul)

Depuis des siècles les bateaux se réunissent pour se mesurer dans des courses, c'est une tradition festive à laquelle il est difficile de ne pas sacrifier. Les marins à la pêche ont été pendant longtemps de fanatiques compétiteurs, qui couraient pour le plaisir et... quelques jolis lots en espèces sonnantes et trébuchantes. Les pinasseyres perpétuent aujourd'hui cette tradition. Au XIX°, les gentlemen, d'abord canotiers en rivière, puis yachtmen en mer et, plus tard plaisanciers, ont armé des embarcations spécialement construites pour la régate : les yachts (d'un mot hollandais que les purs prononcent encore yak et non yote). Ce vocable désigne aujourd'hui des unités d'exception à ne pas confondre avec les quatre-quatre des mers et autres vedettes aux hublots en bouches de star. Pen Duick est un yacht. Ses frères qui régatent sur différentes mers sont des bateaux de légende qu'il faut avoir vu naviguer au moins une fois dans sa vie pour faire définitivement la différence entre un beau bateau et un véhicule nautique dont le prix seul est remarquable.
Revenons vite à notre Bassin, qui est un des berceaux du yachting français, aujourd'hui démocratisé et régi par la Fédération Française de Voile avec ses écoles mais aussi la voile olympique et la course au large. Les Cahiers du Bassin, qu'édite l'association Voiles d'Antan du Bassin d'Arcachon a retracé cette histoire dont le petit cahioc fut un acteur entre 1955 et 1968. C'est à cet ancien régatier que Bernard a confié la barre de Mathurin pour cette régate où la Flotte 10 était notre seul réel concurrent. Hélas, trois fois hélas, trop sûrs de nous, nous n'avons pas marqué le 10. Le jury était d'une discrétion telle que nous n'avons pas vu ses signaux et pris un départ lamentable que la prudence seule ne pouvait justifier bien qu'il y eut, en effet de beaux yachts sur la ligne de départ.


Mathurin aurait dû remonter son lièvre sans aucun mal, car le 10 navigue sans ses flèches, perdant ainsi 4 m2 en tête de mâts. La brise était tout à fait maniable mais Mathurin avait les œuvres vives si sales que le vieux a pu dire qu'il avait l'impression de tirer des sacs d'huîtres. Les haubans détendus attestent d'ailleurs des efforts de percheron de notre pauvre Mathurin. Nous avons manqué au devoir numéro un du régatier : même les Skipjacks ne draguent pas les jours de régate. C'est tout l'équipage qui fait avancer un voilier, pas seulement le barreur, même chevronné.
La nuit suivante ce pauvre barreur a fait des cauchemars : ses concurrents heureux le narguaient et, au lieu de le consoler, ses équipières d'antan sont venues lui demander s'il avait vraiment oublié qu'il les faisait poncer jusqu'à ce que le derrière de son dériveur soit aussi doux que de la peau d'une jeune fille.
Reste donc à se retrouver bientôt pour faire une propreté à notre ancien canot militaire élevé au rang de yacht par notre travail intelligent*. Avant le rassemblement de la Belle Plaisance nous devons réaliser ce carénage, car un yacht se doit de naviguer le derrière propre pour que la régate soit bien une activité plaisante et élégante.


Le cahioc.


* Voir le site de Voile d'Antan, celui de VB et le manuel de Mathurin.

1 commentaire:

le cahioc a dit…

Ah, si seulement les petits loups et louves compatissaient en lisant ce cuisant souvenir !!!