mercredi 9 juillet 2008

POURQUOI CARGUEFOND ?




Sortons un peu du cambouis pour cette fois.

Certains d’entre vous, les petits nouveaux, qui n’ont pas eu la chance de lire le bulletin N° 3, se demandent pourquoi notre adresse mail s’appelle « carguefond » ?

Lors de la création de l’Association « LOUP BLEU », nous avons décidé de pouvoir communiquer entre nous via Internet.

Il nous fallait donc trouver un nom représentatif de nos activités, ayant une référence locale et un caractère maritime, enfin, assez original pour ne pas être noyé dans une masse où personne ne pourrait se retrouver.
Une simple recherche sur le Net et Loup Bleu apparaît 158 000 mille fois, Carguefond 0... !!!
Dès lors, il n’y avait plus à hésiter, d’autant que Cargue-fond est le nom d’un banc de sable/vase, au point de rencontre du chenal de Comprian et du chenal du Teich, près de l’embouchure de la Leyre, dans le sud-est du Bassin d’Arcachon.
Nous pouvons supposer qu’il s’agissait là, d’une zone où l’on aurait pu pratiquer cette manœuvre avant de pénétrer ans le Delta, à une époque où la voile au travail était encore à l’honneur. Certains bacs à voiles allaient charger du fret dans un des ports du fond du Bassin (Biganos, Les Tuiles...).
Cette manœuvre consistant à effacer la voile à l’aide d’un cordage, une cargue, se pratiquait couramment sur les gabarres de Gironde avant de prendre un mouillage ou de venir à quai.

Dans la marine classique, les voiles étaient munies de plusieurs cargues aux noms différents suivant leur position : cargue, cargue fond, cargue point ou cargue bouline. Ces cargues permettaient de réduire considérablement la surface de la voile, et donc la prise au vent.
(Ne pas confondre avec la prise de ris, qui permet de continuer de naviguer).

Cette opération s’exécute encore actuellement sur les petits canots voile/aviron, gréés d’une voile à bordure libre, afin de réduire rapidement la voilure pour prendre un mouillage, et ainsi dégager la vue du barreur et arrêter le bateau. Instantanément largable, elle permet de repartir immédiatement sous voile si le besoin s’en fait sentir.

« Cargue-info » n’existe pas dans le vocabulaire marin, mais il fallait bien trouver quelque chose pour le Blog. « Cargue-phot » est le nom de mon site photo.

Sources :
Chasse Marée,
Ports et Gabarres de Gironde,
Construction des modèles réduits de bateaux,
SHOM-Navicarte
Glossaire Marine C Borzeix


Et tant qu’on y est : pourquoi « Loup Bleu » et « Mathurin » ?
Notre bateau fait partie d’une série (plus d’une centaine d’exemplaires) appelée LOUP DE MER.
Quand nous l’avons récupéré, il était bleu.
N’étant pas des originaux, nous avons appelé l’association « Loup Bleu ».

A l’origine, et pour rester dans l’originalité, il portait officiellement le nom de « Loup de Mer ». Vraiment très original là aussi.
Débaptiser un bateau porterait malheur si l’on ne respecte pas un rite complexe dont je ne me souviens plus très bien : il s’agirait de passer plusieurs fois sur son mouillage ou quelque chose comme ça.
Nous l’avons donc prénommé « Mathurin » pour éviter des tracasseries ésotériques et administratives (c’est la même chose, semble-t-il !!!)

Mathurin est le surnom des anciens matelots de la marine à voile. (Voir texte suivant) :

« Il mit donc le nable au dallot de son gosier, et, plein de verve, continua par une autre villanelle érotique qu’on ne pourrait ouïr sans que la pudeur s’effarouchât, à moins d’être cabillot ou mathurin. Un mathurin, c’est un matelot, le véritable matelot, qui est né matelot, qui vit et bourlingue matelot et qui mourra matelot.... »

Extrait de :
LES BALEINERS, VOYAGE AUX TERRES ANTIPODES
Journal du docteur MAYNARD
Publié par Alexandre DUMAS
Paris
Michel LEVY frères, libraires-éditeurs
1861

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