lundi 15 juin 2009

UNE HISTOIRE DE SINGES

Mathurin est bien revenu à Andernos, mais sous gréement de fortune comme vous avez pu le constater dans un message précédent.

Un petit coup d'oeil et un essai permettent de constater que les balancines - lazy-jacks ont été inversées. Ça ne marche pas comme ça, il nous faut donc remédier au problème.
Les poulies sont trop hautes pour être atteintes, même à bout de bras, et puis il y a des noeuds à défaire et à refaire.

Plusieurs solutions s'offrent à nous :
  1. Grimper avec une échelle : c'est relativement dangereux, ça bouge, ça glisse et elle n'est jamais assez haute.
  2. Démâter : compliqué et il faut du monde, et puis remâter.
  3. Faire gîter le bateau : il est lourd, et ça risque de ne pas être suffisant, même le long du quai.
  4. Trouver un singe savant et l'expédier là haut.
C'est finalement cette solution qui est adoptée. Le singe est vite trouvé et désigné volontaire, les gros bras (ou gorilles) aussi.

Samedi matin, presque à la fraîche, une fine (hum !) équipe composée de Georges, Gilbert, Jean-Paul (alias les gorilles photographes) et Bernard (alias Shiva ou Cheeta) se retrouve à bord de Mathurin.

Tout au long de cette belle matinée, plusieurs opérations vont ainsi se dérouler sous les yeux ébahis de personne, (pas même un petit touriste pour admirer la manoeuvre)
  1. Gréer la chaise (une planche avec quatre bouts de ficelle) sur la drisse de grand-voile et un palan (l'écoute de misaine fait l'affaire).
  2. Hisser le singe avec en réserve deux bouts légers qui serviront de messagers.
  3. Redescendre le singe car le palan est trop court pour atteindre les poulies.
  4. Souffler quelques minutes pour se décontracter après une opération aussi périlleuse que stressante.
  • Deuxième tentative : Le palan est retourné et rallongé quelque peu. Un essai à vide permet de constater que cette fois la hauteur que l'on peut atteindre est suffisante.
  1. Cheeta grimpe sur la bôme (c'est toujours ça de gagné) puis s'installe tranquillement sur la chaise, les messagers à portée de main.
  2. Les gorilles hissent le singe : Jean-Paul tire sur la drisse pendant que Georges pousse les pieds du singe qui n'a pas de prise pour s'accrocher et se hisser.
  3. Cheeta prend appui sur les oreilles de Georges qui souffre en silence comme il sied à un équipier convenable et bien élevé.
  4. Gilbert tire sur le palan, la chaise monte et voilà le singe à bonne hauteur
  5. Enfiler les messagers dans les poulies, dans le bon sens de préférence, tirer dessus pour les faire redescendre.
  6. Prendre quelques photos à faire baver d'envie notre ami Tarzan (ou plutôt Tarzoune, la honte de la jungle), admirer le paysage, gueuler un coup:
    "HAAAYYYYAAAHHHYAAAAHHHYY !!!!!!...."
  7. parce que l'un de ces poids lourds s'est déplacé et a fait gîter le bateau (l'amplitude de la gîte est impressionnante en haut du mât) et ça balance pas mal.
  8. Redescendre le paquet en filant doucement la drisse (hein ! Gilbert !!!) et retrouver le plancher des vaches avec l'un des deux messagers qui s'est bêtement laissé entraîner par la descente.
  9. Dire quelques gros mots impubliables, fumer une clope et se préparer à tout recommencer.
  • Troisième tentative que je ne décrirai pas en totalité, c'est devenu de la routine.
  1. Hisser
  2. Passer le messager
  3. Assurer le messager
  4. Un brave promeneur s'approche du quai, demande quelque chose que personne n'est disposé à entendre, puis s'en va, sans doute un peu vexé du peu d'attention qu'on lui a manifesté.
  5. Redescendre le singe qui a pris goût à sa position dominante (c'est quand même un Président).
  6. Vérifier que les oreilles de Georges ne sont pas trop décollées.
  7. Envoyer les balancines dans les poulies et faire trois cent quatre vingt sept noeuds pour pas que ça reparte.
  • Mission terminée pour ce matin.
L'après-midi, la température monte (chacun son tour) à près de 40°, mais il faut quand même installer les voiles (misaine et grand-voile). Georges est parti soigner ses oreilles, nous sommes donc trois pour continuer le boulot.
A 17h, les voiles sont hissées. La marée est basse, nous restons là.
Pas d'essai aujourd'hui.
Demain, peut-être ?
Mais, demain, pas d'équipage.
Une autre fois peut-être ?


2 commentaires:

Grandmât a dit…

Mon Président,

Maître Président sur une balancelle perché tenait en ses mains des navettes,
Maître Gilbert par le style alléché lui tint à peu près ce langage :
"Maître Président que vous me semblez beau "
"Si votre courage ressemble à votre ouvrage"
"Vous êtes le Shiva de bien des équipages."
"Maître Président ne se sentant plus de joie"
"Ouvrit ses grandes mains et laissa échapper ses navettes".
Maître Georges dit Tonton belles oreilles depuis que Maître Président les lui décolla, hurla à Maître Gilbert de peser sur la drisse afin de soulager les dites oreilles devenues feuilles de choux.
Sitôt fut fait et Maître Président se retrouva au Zenith ou il ne put s'empêcher de se prendre pour Johny (Weissmüller) et pousser son cri qui fit trembler toutes les filles du port.
Mais le résultat est là, Commodore se frisa les moustaches heureux de pouvoir rhabiller Mathurin comme il aurait déshabillé une sirène, lesquelles ne fréquentent guère le port vaseux d'Andernos.
Ainsi se termine le réarmement de Mathurin, tâche pour laquelle certains s'y attelèrent avec conviction.

Bernard DENIS a dit…

Salut Grandmât, tu nous en refais de temps en temps des comme ça.